Sunday, March 21, 2010

PLEBEIAN GRANDSTAND review in ONZE VISIONS


Second effort de la formation toulousaine, How Hate Is Hard To Define vient changer le climat. On annonce de fortes perturbations.
Sans être trop familier avec le style, j’appuie sur “play” songeant vivre une expérience. La question est: suis-je prêt? Plebeian Grandstand va me répondre qu’on ne l’est jamais vraiment …
La première chose qu’on se dit c’est à peu près: “Nom de Dieu! Comment seulement une gratte, une basse, une voix et une batterie peuvent à ce point saturer autant de volume?!” Ensuite, on se reprend et on remarque la présence de Neurosis dans la couleur et une bonne dose de Converge dans l’intention. Le reste n’est que mouvements et textures. Mouvements brusques et textures râpeuses: on en prend plein la tronche.
Mais les écoutes successives laissent apparaître une construction beaucoup plus fine, notamment dans le placement des passages “mélodiques” ou des respirations. Ainsi même si la violence de l’album est impressionnante, on n’y rentre jamais tout à fait innocemment: on est prévenus mais toujours surpris. On sait que si on nous laisse le temps de respirer (Pie in the Sky) c’est pour mieux progressivement sombrer à nouveau (Don’t Expect Much From World’s End). C’est à se demander si l’on ne respire jamais, car ici, le calme est délabrement; il sonne comme une prise de conscience des dégâts. Et la voix aide beaucoup. Imaginez un fou dépassé par les évènements auxquels il doit faire face; il oscillerait entre hystérie pure et impuissance anxieuse.
Outre les brèves émergences d’une basse ultra-crade et rugueuse du plus bel effet (Mein Kopf is Meine Heimat), d’une gratte tout aussi dégoulinante que forcenée, ou d’une batterie toujours très présente et qui sait faire replonger l’intégralité du groupe dans la dé(con)struction (Ordo Ab Chao’, Don’t Expect Much From World’s End), le disque me semble composé de deux parties principales et offre l’occasion de revivre la même sensation de façon différente.
Si je parle de deux parties, c’est que j’entends un avant et un après Easy to Hate / Hard to Define. D‘abord comparable au fracas et aux heurts très denses du début de l’album, l’outro du morceau se révèle être la première percée mélodique, et particulièrement enivrante, de l’album. Pourtant, et c’est assez fascinant, il n’y a toujours pas un seul rayon de lumière. Le bruyant chaos et la brutalité se transforment juste peu à peu en une déconstruction ordonnée et en un regain de vitalité. Après tout ce que l’on vient de traverser, Hard to define nous recharge, nous offre une puissance pure. On est dans une montée à la Isis, quel bonheur (ou bon heurt)!
Puis on sombre une dernière fois pour la deuxième partie, plus orientée “délabrement” etaftermath que la première, avec son intro (Pie in the Sky) et son outro ([...] or Boring ?) et où son cortège de perturbations s’achève en exhalations à bout de force.
Que dire au sortir de ce déferlement cyclonique qui nous emporte, nous traîne, nous éclate?
Je dirais que c’est une performance brute, sincère et jusqu’au-boutiste. En fait, tout m’amène à penser que cette proposition est très empreinte de nihilisme, dans le sens négation du “sens” en général, négation de la vie telle qu’on veut nous la vendre aujourd’hui, et nécessité de rechercher sa propre voie des profondeurs. Alors qu’on choisisse de prendre l’écoute et l’intégration de How Hate Is Hard To Define comme un exercice intellectuel et sensoriel ou comme un violent exutoire, un vecteur pour canaliser des émotions contradictoires comme Plebeian Grandstand le fait sur scène, une chose est sûre: une fois rentrés, si vous en ressortez, vous en ressortirez différents et rassasiés! (avec des bleus et des souvenirs confus!)

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